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La philosophie des sciences du vivant
16 mai 2019 à 9 h 00 - 18 mai 2019 à 12 h 30
5èmes journées d’études sur l’Épistémologie Historique
Depuis plusieurs années, les questions que la biologie et la médecine posent à la philosophie ont connu un net regain d’intérêt à l’échelle internationale. Les sciences biomédicales sont ainsi (re)devenues des objets d’investigation privilégiés au sein de traditions de recherche aussi différentes que l’épistémologie historique et la philosophie analytique. Si l’intérêt pour les vivants et la vie a toujours existé du côté de l’épistémologie historique, comme en témoignent par exemple les œuvres d’Auguste Comte ou de Georges Canguilhem, il est en revanche bien plus récent pour la philosophie d’orientation analytique. Dans un tel contexte, l’essor, depuis les années 1980, de la philosophie de la biologie n’en est que plus spectaculaire.
Un aspect particulièrement saillant de ces nouveaux travaux sur la biologie et la médecine est leur ambition d’intervenir le plus directement possible dans certaines dimensions des débats scientifiques contemporains. Comme si les développements de la science – et en particulier ceux de la biologie moléculaire et de la théorie de l’évolution – appelaient à questionner à nouveau certaines catégories traditionnelles comme celle d’organisme, d’individu, d’espèce, ou d’autres plus récentes, au premier rang desquelles les concepts de gène ou de cellule. La position épistémologique particulière de la biologie explique aussi qu’elle constitue un lieu privilégié pour toute réflexion sur la normativité et le statut des normes, leur définition entre nature et société. Il n’est dès lors pas surprenant que les avancées de la biologie soient autant de nouvelles questions adressées à la société sur les plans éthiques et politiques.
L’impressionnant développement des techniques médicales et des biotechnologies n’en finit pas d’interroger des notions de sens commun comme celles de « vie », « santé »ou « maladie ». De leur côté, les progrès des neurosciences, en particulier dans la localisation cérébrale des fonctions mentales, posent à la philosophie le défi d’une réflexion sans cesse à reprendre sur le« moi » et l’identité personnelle. La clarification ces notions et des enjeux attenants intéresse au premier chef l’espace public de nos sociétés contemporaines.
Enfin, la réflexion philosophique rencontre aussi très directement le problème des conditions de possibilité d’une authentique science des vivants. Cette question a traversé une part importante de l’histoire de la philosophie, depuis Kant jusqu’à Rheinberger et Müller-Wille, en passant par Bergson et Canguilhem. L’ancienne alternative entre mécanisme et vitalisme demande aujourd’hui à être retravaillée, à la faveur notamment de perspectives plus organicistes étroitement liées pour certaines à l’essor de la biologie des systèmes ou biologie intégrative.